« Il nous vient d’outre-Rhin. Hansel Sperling, sa carrière serait digne d’un conte moderne des frères Grimm. Repéré à l’âge de dix-huit ans (tout juste sorti du lycée), son agent lui avait promis et prédit une belle carrière. Il ne lui avait pas menti, bien au contraire. A peine âgé de vingt-deux ans, le voilà propulsé au sommet de sa gloire. Il marche sur le toit du monde. Il nous marche dessus, sur nous pauvres mortels. Gueule d’ange, physique travaillé, l’adition parfaite. […] » extrait de vogue france 2010.
Entre tes mains, ce fichu morceau de papier. Tes doigts viennent le caresser, sous tes doigts, ces quelques caractères d’imprimerie d’un mauvais article selon toi. Tu oses juger cela alors que tu n’y connais rien en écriture, journalisme et autre connerie de la sorte. Grâce à la force synchronisée de tes longs doigts, tu viens de chiffonner cet article parlant de toi. Toi, Hansel. T’étais tellement beau que tout le monde te voulait. Te voulait à leur soirée parce que t’avoir à ses côtés, c’était quand même le must du must. Te voulait pour leur campagne de pub, te voulait devant leur objectif, parce que t’avoir, c’était vraiment le must du must. Le monde t’adulait, le monde te vénérait. Et tu marchais fièrement sur leur gueule, sur leur putain de face. C’était ta gloire. Gloire jusqu’à ta mort. Ta petite mort. Petit à petit, t’es mort. Ou plutôt, tu avais décidé que ce soir de mars serait ta mort, la mort de ton succès mondial. A présent, tu n’es plus rien. On te reconnait dans la rue, mais tu t’en fous. Tu t’en fous. Alors pour t’en foutre encore plus, tu te fous en l’air. Verres de Whisky, Vodka et autres alcool, cannabis, cocaïnes et autres drogues. On t’a appris ça là-bas. Là-bas sur ton toit du monde. On t’a appris à apprécier tous ces vices luxurieux. A présent, ta vie ne rime plus et rien ne rime ta vie. Tu fais semblant d’exister, semblant de te laisser trainer sur les railles de sa vie comme tous ces péquenots de cette ville le font. Hansel est mort. Hansel ne vit plus. Hansel n’a plus d’âme. Hansel, mais revis bordel.
Silence religieux. Ce silence qui nous glacerait le sang, ce silence qui nous angoisse. Une sonnerie retentie. Seul signe de vie dans ce salon. Tu es assis dans ton fauteuil face à ce grand jardin vert. Ta voix résonne dans la pièce. Non, ce n’était pas toi qui parle. Ce n’est que ton répondeur. Ce répondeur dont tu finiras par connaitre par cœur les paroles. Ton regard se pose sur ton téléphone, seul geste que tu feras puisque tu décideras de ne pas te lever pour décrocher.
- Hansel, tu me manques. Je ne sais pas où tu es, ni avec qui et encore moins ce que tu fais, mais tu me manques. Laisse-moi te voir s’il-te-plait. J’ai l’impression de me répéter. Combien de fois te l’ai-je dit ? (rire). Hansel, tu me manques. J’ai besoin de toi…
Cette voix, tu la connais par cœur. Elle rythmait tes longues soirées et after lorsque tu étais encore quelqu’un. Sûrement te manque-t-elle aussi. Mais cela, tu es bien trop fier pour l’avouer. Tu n’avoueras rien. Rien de ce que tu pensais d’elle. Alors, silence radio. Tu n’es plus personne, tu n’es plus ce quelqu’un qu’on enviait, pourquoi serais-tu quelqu’un pour elle ? Tu n’es rien pour personne et encore moins pour elle.
« Hansel, l'éphémère. » extrait de vogue allemagne 2011.