POLLY WILDE

"useless things":

‘‘T’es comme tous ces types qui ont le cul vissé sur leur tabouret au bar, t’as pas d’avenir ma fille. T’es qu’une bonne à rien.’’. La voix de son défunt père résonnait de nouveau dans le van sans vie. Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait cette phrase. Elle était devenue le refrain de cette chanson qui donnait le la à sa vie, cette chanson. Un refrain sans espoir. Rempli de désillusion. C’était peut-être cela sa vie à elle. A Polly. Une succession d’échec, de désillusion et de désespoir. Peut-être lui avait-on jeté un mauvais sort à sa naissance. C’était ainsi et elle ne pouvait rien faire contre cela. Elle ne pouvait pas luter contre son destin. Personne ne le pouvait.
Les quelques rayons de soleil pénétrèrent la chambre de fortune de Polly qui se trouvait encore endormie. Un réveil comme tous les autres. Tous les matins étaient la même rengaine. Un soupir s’échappa de la bouche de la jeune fille. Elle tira son drap afin de s’envelopper avec. C’est ainsi qu’elle découvrit ce type nu dans son lit avec elle. ‘‘PUTAIN. QU’EST-CE QUE TU FOUS ICI, STAN ?’’lança-t-elle dans un cri de peur. Le dénommé Stan ouvrit les yeux avec difficulté et essaya de prononcer quelques mots. Avec difficulté, la jeune fille crut réussir à comprendre ce qu’il tentait de lui dire. Cela ressemblait à quelque chose du genre : ‘tais-toi, bébé.’. Elle sortit aussitôt de son lit, se tenant alors droit debout. ‘‘DEGAGE DE MON LIT. T’AS RIEN A FOUTRE DEDANS. OKAY ?’’. Silence. Le calme après la tempête fallait-il croire. Ses yeux colériques se déposèrent sur le jeune homme qui décida lui aussi à son tour de se lever. Elle souffla de plus bel et en profita pour lui lancer un habit qui trainait par terre, il y a de cela quelques secondes auparavant. ‘‘Cache-moi cette horreur.’’ lui dit-elle alors. ‘‘Horreur ? C’est pas ce que tu disais cette nuit, ma cochonne.’’. Sa cochonne. Pour qui se prenait-il ? Polly resta sans voix, fronçant les sourcils. ‘‘Attend, ne me dit pas que tu t’en souviens déjà plus… Toi, moi, dans ton van. On a pris notre pied, honey.’’. La voix du jeune homme ne semblait être plus qu’un écho qui résonnait douloureusement dans sa tête. C’est ça mon destin, me faire dépuceler par un junky. Et cette pensée venait de s’imprégner à l’esprit de l’adolescente. Et pourtant, elle ne voulut pas le croire. Un mensonge, elle voulait croire que c’était cela. Un mensonge. Il racontait un mensonge. Un mensonge. ‘‘Tu racontes de la merde, Stan. Il s’est rien passé entre nous. Dégage maintenant.’’ lui dit-elle sur un ton sec. Et sans même attendre une réaction, un geste, un mot de la part du jeune homme, elle partit au fond de son van. Là où elle serait seule.

« Après tout, Stan, c’est un mec comme les autres. Il a une queue comme tous. » page cent soixante-dix de son journal.